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Quand la mémoire revient…

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Quand le passé émerge, reprend la ville. Quand les anciens échos font vibrer le roc, le cran. Quand les visages d’autrefois réapparaissent… Quand les airs entonnés maintes fois résonnent. Quand on redonne sa pleine place, sa pleine importance, à la mémoire du lieu en un spectacle projeté, en tout un parcours à la découverte de notre histoire locale; cet été, Cité Mémoire habite les soirs de La Malbaie!

Cité Mémoire Charlevoix

On dit souvent que les lieux sont chargés d’une mémoire. Les murs, le roc, le sol, chargés d’histoires qu’on ressent, qu’on perçoit comme un écho lointain. Une résonance à travers le temps, comme une résonance traversant l’eau. Cet été, à La Malbaie, le voile se lève, le passé émerge et touche le présent du bout du doigt, apparaît comme une vision au fil d’un parcours unique, une promenade dans le secteur de Pointe-au-Pic: Cité Mémoire Charlevoix.


Les Tableaux

Avoir du cran

Le plus grand des 5 tableaux est projeté sur toute la surface du Cap Blanc, nommé localement ainsi en raison de sa composition de calcaire. Cette falaise faisant face au fleuve et au chemin du Havre dans le secteur du quai, devient le canevas, tortueux et texturé, d’une grande fresque animée retraçant plusieurs centaines de millions d’années d’histoire.

Plusieurs centaines de millions d’années d’histoire, vraiment? Oui, du moment où un météore a déchiré le ciel et percuté la terre au point qui deviendrait bien plus tard Charlevoix tel qu’on le connait aujourd’hui: un des rares cratères habités! Voir les dinosaures parcourir la paroi rocheuse devant soi, rendre hommage aux premières nations alors que nous avons justement les pieds sur le site exact où se trouvait le campement autochtone de Pointe-au-Pic, entendre les échos des grands bateaux blancs, des locomotives à vapeur: la falaise devient véritablement une fenêtre sur le passé qu’on quitte la tête pleine de rêves! Narrée par la comédienne originaire de Charlevoix Guylaine Tremblay, la projection s’ouvre aussi sur le présent en se clôturant par les visages de gens d’ici d’aujourd’hui, des familles souches aux nouveaux arrivants!

N’oubliez pas de télécharger l’application pour vivre l’expérience sonore du tableau « Avoir du cran ».

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La drave

Du Cap Blanc en direction du Parc du Havre et du Musée de Charlevoix, un sentier serpente en contrebas du chemin du Havre. Trois grandes arches noires s’y sont érigées récemment, offrant le soir venu un spectacle poétique, qu’on a plaisir autant à contempler qu’à transformer en terrain de jeu l’espace d’un instant alors que le sentier devient rivière! Des saumons qui passent entre nos jambes, un couvert de glace fissurée balayé de rafales, puis les rondins… 

Des « pitounes » de bois envahissant les eaux, en suivant le cour des forêts de l’arrière-pays jusqu’à l’embouchure, formant des embâcles qui sauront être résorbé par les draveurs. Des hommes sautant d’un tronc à l’autre, muni de « gaffes » (de longues perches munies d’une pointe latérale en fer) afin d’accompagner la précieuse cargaison de bois dans sa course. Le flottage fait parti de l’histoire locale et entre dans la légende avec l’écrit de « Menaud, maître-draveur » par Félix-Antoine Savard en 1937.  Cette fresque animée à même le sol est la seule dont le son est intégré à l’installation et crée un effet immersif qui hameçonne petits et grands qui auront plaisir à jouer eux-même aux draveurs, faisant l’acrobates d’une « pitoune » à l’autre, avant d’en arriver à sa finale qui provoque le recueillement dans les échos d’un chant ancien… « Rossignolet sauvage… »

Ti-Louis l’Aveugle chez les Forget

Du tableau précédent on traverse en diagonale le Parc du Havre jusqu’à l’arrière du Musée de Charlevoix où un large mur de brique sert de toile de projection pour cette scène où on se plait à imaginer que cette figure du quêteux, un homme itinérant allant de villages en villages, de foyers en foyers, proposant de conter une histoire en échange d’un repas où d’un endroit où passer la nuit (sur un banc de quêteux bien sur!), fasse arrêt au domaine de la famille Forget. 

C’est à Saint-Irénée, sur le site de l’actuel Domaine Forget que Sir Rodolphe Forget que se dressait alors l’imposante demeure estivale de l’homme d’affaire qui a su lui même faire sa fortune, commençant dans le courtage avant de se lancer dans l’hydroélectricité, les entreprises ferroviaires et de navigation, puis d’agir en politique à titre de député du siège de Charlevoix. Il est également celui qui commande la construction de l’Hôtel Tadoussac et du premier Manoir Richelieu, alors en bois, qui sera ensuite détruit par les flammes. Un sort que partagera finalement la résidence d’été de 16 chambres munie d’une ferme, d’une piscine intérieure, d’une salle de billard et d’une allée de quilles, où loge sa famille, ses enfants et ses chiens ainsi que ses nombreux invités. C’est dans une des serres du domaine que se situe l’action du tableaux imaginé par Cité Mémoire Charlevoix. On y vit la rencontre improbable entre ces deux figures. Puis, en finale, celle encore plus improbable d’un béluga nageant dans les eaux imaginaires de la serre!

N’oubliez pas de télécharger l’application pour vivre l’expérience sonore du tableau « Ti-Louis l’Aveugle chez les Forget ». 

Les muses de Charlevoix

On quitte le chemin du Havre et on remonte quelques mètres jusqu’à la rue Richelieu, à la fois village authentique avec encore de nombreux résidents et rue gourmande peuplée de restaurants. On y prend une pause tout près de la croisée de la côte Bellevue, face au clocher illuminé en bleu, dans le Petit Parc de L’Abbé Paul. Là trois muses s’apprêtent à insuffler l’inspiration à ceux qui tendront l’oreille. 

Non ce ne sont pas les mythologiques Aédé, Mélété et Mnémé, quoi que cette dernière en tant que muse de la mémoire trouverait bien ici sa place, mais plutôt 3 femmes marquantes de l’histoire d’ici qui ont su laisser leur traces et mener des combats chacune à leur manière. Laure Conan, Laure Gaudreault et Thérèse Casgrain (Fille de Sir Rodolphe Forget), interprétées par de grandes actrices québécoises, apparaissent dans trois écrans en forme de médaillons, se faisant face et interagissent dans un lieu de rencontre hors du temps, un restaurant imaginaire. Attablée là ensemble, la discussion passe d’une à l’autre, mettant en lumière leurs implications respectives et l’héritage légué par ses trois grandes dames, l’une autrice, l’autre enseignante et la dernière suffragette et militante féministe. Les trois muses, apparition nocturne, insufflent ainsi l’inspiration à se battre pour l’équité, pour le savoir, pour la langue, pour ce en quoi en croit…

N’oubliez pas de télécharger l’application pour vivre l’expérience sonore du tableau « Les muses de Charlevoix ».

Être d’adon

À ce petit périple s’ajoute un tableau sur la façade du Casino de Charlevoix. Accessible tout simplement en voiture, en navette ou même à pied via un escalier qui relie le bout de la rue du  quai aux terrains de l’Hotel Casino de Charlevoix, cette dernière projection donne toute la place aux visages. Des visages que certains locaux reconnaitront puisque plusieurs charlevoisiens ont participé au tournage, incarnant, en costumes d’époque, les explorateurs, les colons ou encore les villégiateurs ayant contribué à bâtir le caractère unique de la région. Laissez-vous transporter des premières nations jusqu’aujourd’hui à travers la projection de ces visage souriants, « ben d’adon », projetés sur le bâtiment qui avant d’être la maison de jeu d’aujourd’hui était le théâtre et salle de divertissement du Manoir Richelieu de la belle époque

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Voilà! Une expérience qui marque, qui donne envie d’y revenir encore et encore et qu’on quitte l’oeil brillant, le pas léger, fredonnant « Rossignolet sauvage », un chant des draveurs d’autrefois, dans le silence d’une nuit d’été à La Malbaie!
 
À propos de Cité Mémoire Charlevoix

À l’initiative de Marie-Christine Dufour, présidente du conseil d’administration du Musée de Charlevoix que Cité Mémoire, proposant plus de 25 tableaux dans le territoire de la ville de Montréal, a dressé ses projecteurs, mais surtout mis le talent de ses créateurs au service de la mémoire Charlevoisienne. 

Le créateur; Michel Lemieux

Artiste multidisciplinaire formé en production théâtrale, Michel Lemieux crée des spectacles novateurs et des installations artistiques. À la fois concepteur, scénographe, metteur en scène, compositeur, performeur et réalisateur, il intègre ces différentes facettes aux projets qu’il touche. À l’avant-garde en matière d’utilisation des technologies, il travaille le multimédia depuis le début des années 1990. Il a collaboré notamment à la création de Starmania Opéra, à quatre spectacles du Cirque du Soleil dont « Toruk » et « Delirium »… Et aujourd’hui il met son génie créatif à l’oeuvre avec le parcours Cité Mémoire Charlevoix.

L'auteur; Michel Marc Bouchard

Prolifique auteur de Théâtre, joué et traduit dans plus de 20 langues, Michel Marc Bouchard est un créateur dont la réputation n’est plus à faire, entre les nombreux prix, mentions d’honneur et les adaptations au cinéma de ses pièces dont « Tom à la ferme » réalisé par Xavier Dolan et récipiendaire du prix de la critique à la Mostra de Venise. Il met ici sa plume au service du parcours Cité Mémoire Charlevoix. 

Texte
Camille Dufour Truchon
Photos
Sylvain Foster, Patrice Gagnon

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