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Bénédite Séguin, Joaillerie Amulette

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De l’enfance de Bénédite à l’entrée du Parc National des Hautes-Gorges de la Rivière Malbaie, où sa mère exerçait comme botaniste, jusqu’à l’actuelle Joaillerie Amulette, l’idée de cueillir, collectionner, mettre en valeur et porter les plantes indigènes de notre territoire prend racine dans tout le cursus artistique de cette joaillière en pleine connexion avec la nature, les saisons et les éléments.

Amulette, un nom qui fait echo…

Les peuples autochtones fabriquaient des petits sacs à cordons, ornementés ou non, destinés à y loger un objet, souvent une plante, que l’on voudrait porter sur soi, comme porte-bonheur, pour son énergie ou ses propriétés… Ceux-ci sont à l’origine du mot amulette.

 

Quand je serai grande,   je serai…

C’est dans l’arrière-pays charlevoisien, terre de Menaud Maître Draveur, aux portes du Parc National des Hautes-Gorges de la Rivière-Malbaie que la petite Bénédite grandit et prend plaisir déjà à collectionner, cueillir et découvrir, dans cette forêt à la géologie spectaculaire, des petits trésors alors qu’elle joue à être, tour à tour, une cueilleuse amérindienne, une botaniste comme sa mère, une pêcheuse d’écrevisses, une exploratrice…

À travers toutes ses joutes et ses chasses aux trésors improvisées, une trouvaille marque pourtant l’imaginaire de l’enfant qui découvre un jour une boucle d’oreille qui brille à travers l’eau du ruisseau. Cette idée de bijoux talisman dans la nature imprègne alors l’imaginaire de Bénédite.

Sensibilisée dès l’enfance à la protection de la biodiversité, ses valeurs écologiques et son goût de la science grandissent aussi.

Travailleuse de ses mains et attirée par le contact de la matière, elle se dirigera vers une carrière artistique et manuelle. Un assemblage de goûts et de sensibilités créant un terreau fertile qui donnera plus tard naissance à la démarche toute particulière de Bénédite qui découvre la joaillerie via un cours exploratoire des différents médiums offert par l’École des Métiers d’Art de Québec, où elle apprendra ensuite en détails les techniques de ce métier qui la passionne.

 

 

Constituer un herbier d’argent…

À sa sortie de l’École des Métiers d’Art, c’est avec les bourgeons printaniers de son terrain de jeu d’enfance que nait pour la première fois chez la jeune artiste l’idée de réaliser un moulage à la cire perdue directement à partir des formes de la nature.

Une technique qu’elle développe consistant à recouvrir avec beaucoup de finesse la plante encore fraîche (cueillie en nature et transportée dans un sac isotherme muni de fioles de fleuristerie qu’elle s’est elle-même bricolé) d’une délicate couche de cire chaude appliquée petit à petit, permettant ensuite de réaliser un moule en plâtre prêt à recevoir le métal, généralement de l’argent, mais aussi parfois de l’or ou un mélange de cuivre selon la technique japonaise du Shibuichi.

En 2009, Bénédite obtient une bourse au Conseil des Arts et des Lettres du Québec afin de réaliser un grand projet d’Herbier d’Argent, perfectionnant ainsi cette technique de travail auprès de Joailliers et développant sa connaissance des plantes auprès de botanistes.

S’ouvre désormais à elle les portes du Jardin Botanique de Montréal permettant de faire croitre son herbier et d’y inclure des spécimens de la collection d’orchidées du monde des serres du jardin, où elle s’installe avec son équipement pour y réaliser le cirage sur place.

Un tel travail de moulage d’orchidées de plusieurs espèces étant exceptionnel même pour le milieu de la botanique, Bénédite découvre alors le monde des sociétés d’orchidophiles à l’international, offrant de nombreuses rencontres et une ouverture sur le monde mais, surtout, notamment lors d’un déplacement à Tokyo, la prise de conscience permettant au travail de Bénédite de prendre un tournant majeur: à la question « Avez-vous des orchidées indigènes au Québec? » elle réalise que le sujet est très peu connu et étudié.

 

 

Profondément touchée par les questions de préservation, vulgarisation et connaissance de la biodiversité, l’artiste obtient alors les autorisations et les contacts nécessaires pour entreprendre une grande aventure sur les traces des orchidées du Québec.

Effectuant des recherches dans les herbiers universitaires anciens à Québec et à Montréal, l’Herbier Louis-Marie et l’Herbier Marie-Victorin, les recoupant avec des observations plus récentes et n’hésitant pas à prendre la route du nord, chaussant bottes de randonnées pour arpenter, quelques données GPS en mains ou de simples repères visuels, Bénédite découvre, répertorie et immortalise par moulage des orchidées locales boréales spécifiques aux écosystèmes du Québec.

Des écosystèmes fragilisés et menacés par le développement moderne, les routes sillonnant le territoire forestier, les projets immobiliers construits sur des tourbières asséchées, ou simplement des spécimens piétinés en raison de la sur-popularité du plein-air.

Ainsi, en tant qu’artiste, Bénédite s’affaire à collecter l’empreinte de plantes variées, indigènes ou du monde, rares ou communes, constituant une bibliothèque de moules de plâtres dans un soucis quasi scientifique de conservation, préservation et passation.

Parmi les enjeux et thèmes du travail de Bénédite, apporter une réflexion sur la portée des actes des humains sur les écosystèmes et la biodiversités joue du coude à coude avec la poésie inhérente au fait de couler en métal une empreinte fidèle d’un végétal tellement éphémère et fragile à des fin de mémoire.

La Joaillerie amulette offre donc des bijoux réalisés à partir de vraies plantes cueillies dans le respect de la biodiversité. Avec sensibilité et sens artistique, Bénédite assemble ensuite ces pièces moulées à même la nature à des pierres (labradorite, améthyste et péridots), des perles (naturelles, roses ou grises) pour proposer des créations tantôt uniques, tantôt sur mesure, ou encore destinées à être produites en série en atelier.

 

 

Charlevoisienne solidement enracinée, son amour pour la nature, Bénédite le vit au quotidien: cueillette de branches de cèdre en ski de fond, découverte d’un trille en expédition de canoë camping en famille… Pour elle, art, famille, paysages, plein-air, affaires et amour se conjuguent et se côtoient avec son amoureux forgeron et artiste, sa fille, ses soeurs, son équipe qu’elle appelle « ses amis » et toute la grande communauté de passionnés qui l’entoure…

Plus qu’un travail, Bénédite s’est inventé un mode de vie entre création et cueillette, au rythme de la nature et des saisons!

 

Un délai de fou, une idée vestimentaire osée, un studio spontané: Bénédite Séguin, joaillière de talent, est embarquée à pieds joints dans l’audacieuse proposition de portrait que nous lui avons lancée.

Séance photo avec Bénédite Séguin

 

Texte
Camille Dufour Truchon
Photos
Patrice Gagnon - Camille Dufour Truchon - Bénédite Séguin
Joaillerie Amulette

ADRESSE BOUTIQUE

40, rue du Quai, la Malbaie
Québec, Canada

 

COURRIEL

boutique.amulette@gmail.com

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