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«Indélé bill»

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Questions-réponses avec l’auteur François Kearney

«Indélé bill» 


Questions-réponses avec l’auteur 
François Kearney

 

 
Si tu devais nous présenter ton roman Pénélope trouvera un titre (mais on pourrait appeler ça Bill) en 5 lignes et sans note en bas de page?

C’est un roman multi couches dont l’histoire s’articule autour d’une ­galerie de personnages qui ont en commun d’avoir utilisé le même stylo (Bill).  L’action ­commence en Asie lorsqu’un ­Québécois en peine d’amour achète Bill.  De fil en aiguille, le stylo passe entre les mains d’un ­animateur Radio-X, d’un médecin, d’une ­esthéticienne, d’un vendeur de voitures, d’une éducatrice ­spécialisée, d’une caissière, etc. En parallèle au récit, j’ai installé un narrateur hyper bavard qui nous entraîne dans les coulisses de l’écriture, avec tout ce que ça implique de digressions, de pourparlers avec l’éditrice (Pénélope), de négociations avec l’auteur et de parenthèses. La présence du narrateur se fait sentir dans les nombreuses notes de bas de page et confère une saveur humoristique au roman.

 

Pourquoi parler d’un stylo?

Le stylo me servait surtout de prétexte pour m’immiscer dans le quotidien des personnages et pour assurer une ­espèce de relation implicite entre eux. Ainsi, Bill incarnait l’ingrédient secret (du moins, pour les personnages) qui me permettrait de faire évoluer tout ce beau monde au sein d’un même récit. D’un point de vue symbolique, j’aime aussi l’idée que les stylos, à l’instar de bien des objets, doivent assurément assister à des scènes insolites par ­moment. En lui attribuant un rôle dans l’histoire, Bill devenait un témoin ­privilégié, une sorte d’espion et de complice, à qui j’ai même accordé la permission de laisser des traces manuscrites dans le roman.  Son omniprésence représente aussi un clin d’œil à mon père qui, à la retraite, tournait des stylos en bois (les seuls que je m’efforce de ne pas égarer).

Quel est ton personnage chouchou? Décris-le nous…

J’ai un faible pour Gina. On n’a pas grand-chose en commun, à part peut-être connaître par cœur les répliques du film Les pilotes en l’air, mais je suis convaincu que je m’entendrais bien avec elle. J’aurais pu écrire un roman entier juste sur Gina. Du lot, c’était le personnage dont l’écriture me demandait le moins d’efforts. Dès qu’il était question d’alimenter l’évolution de ses aventures avec Steeve, l’inspiration était au rendez-vous. Il faut dire que j’ai toujours eu un faible pour les personnages marginaux, drôles ou névrosés, comme ­Ignatius, par exemple, dans La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole, un de mes romans préférés.

 

Un livre ou un auteur qui te donne envie d’écrire, qui t’inspire?

Ici, au Québec, c’est l’œuvre de François Blais qui m’a le plus marqué. Sinon, récemment, l’auteur français ­Fabrice Caro, connu aussi comme bédéiste, m’a beaucoup inspiré ­(Samouraï et Journal d’un scénario, surtout). Il a un univers particulier, un sens de ­l’humour et une capacité d’observation hors norme. J’aime les auteurs qui réussissent à ­raconter des scènes ordinaires du quotidien tout en nous entraînant dans leurs observations les plus profondes. Il y a ça, dans l’œuvre de Caro. C’est à la fois banal et universel.  J’ai l’impression qu’il connaît bien la nature humaine. On se retrouve dans sa tête et on rit, non pas parce que c’est toujours drôle, mais plutôt parce que la vie est exactement comme ça pour bien des gens qui aiment observer, analyser, décortiquer et s’enfarger dans les détails.

 

Assumes-tu maintenant ton statut d’auteur?

Ça dépend sur quels critères on s’appuie. D’un point de vue financier, ce serait tiré par les cheveux de réclamer ce titre, mais sur le plan de la passion ou même de la somme de temps allouée à l’écriture, je crois que je pourrais revendiquer un peu plus facilement le statut d’auteur, de pigiste ou même de scénariste. Si je compte les deux livres que j’ai publiés sous mon pseudonyme (Gran Talen), j’en serais à mon troisième roman avec Bill. Est-ce que ça fait de moi un auteur ? Peut-être… Mais j’ai toujours écrit. Ça fait partie de ma vie depuis que je suis tout petit. Ça m’a suivi à l’adolescence et j’écris encore presque tous les jours. Je me demande même parfois si je n’ai pas écrit plus de mots que j’en ai prononcés.   

 

Qui est Gran Talen et quel rôle a-t-il pour toi?

Mon alter-ego, mais en plus trash ? Mon Mr Hyde ? Mon exutoire ? Pour faire ça simple, disons que Gran Talen est un personnage redneck que j’ai créé sur Facebook il y a une quinzaine d’années et à qui j’ai donné l’apparence de Kid Rock. C’est un mélange de troll, de caricature littéraire et de compte humoristique qui m’a permis d’exprimer des idées, d’expérimenter divers styles d’écriture (de courts statuts, de longues histoires et même un peu de poésie), de commenter l’actualité, de décontaminer certains événements par l’humour et de faire plusieurs belles rencontres. Au fil du temps, j’ai développé un univers autour de Gran Talen, autant sur le plan du langage que des codes. Cette expérience me sert dans mon écriture.

Une histoire qui prendra place dans Charlevoix un de ces jours: oui ou non?

J’ai déjà commencé… Je publierai peut-être des chroniques sur les expériences que j’ai cumulées au Canadian Tire de La Malbaie depuis une quinzaine d’années et j’ai publié, en 2024, un fanzine relatant mes aventures au Festif (de 2014 à 2018). J’aurai bientôt passé la moitié de ma vie ici. Même si j’ai encore le réflexe de camper mes histoires au Saguenay, ma région natale, le territoire charlevoisien m’inspire beaucoup ; c’est juste que sa beauté m’intimide encore un peu on dirait. Charlevoix revêt un certain caractère poétique. Ça doit être pour ça que je n’ai pas encore trouvé le projet littéraire idéal pour lui rendre hommage. La région mériterait que j’en fasse un personnage à part entière, comme ­Sébastien Dulude a fait pour Asbestos dans Amiante. 

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Texte
Camille Dufour Truchon, François Kearney
Photos
Patrice Gagnon

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